Patients
Chronique écrite par Lou ce mois-ci !
« Évidemment on marche sur un fil, chaque destin est bancal, Et l’existence est fragile comme une vertèbre cervicale ».
Voici un bref extrait de la chanson « Je dors sur mes deux oreilles » du célèbre Grand Corps Malade.
En plus d’écrire de très jolis textes de slam, le chanteur a sorti en 2012, un livre nommé « Patients » et dans lequel il décrit son arrivée et son séjour dans un centre de rééducation quelques jours après son accident à l’âge de 20 ans, à la suite duquel il devient tétraplégique partiel.
Derrière une personne handicapée se cache un être humain avec une personnalité : « un timide, une grande gueule, un mec sympa, un gros con… » et pleins de sentiments : des envies, des peurs, des joies, des peines, des doutes… c’est notamment ce que pointe du doigt et met en lumière Grand Corps Malade tout au long de son ouvrage.
Il décrit avec précision le côté surréaliste de son nouveau quotidien, le manque brutal d’intimité voire même de dignité, les gestes simples qui deviennent tout à coup insurmontables… et tout cela dans un jargon sans filtre et toujours accompagné d’une pointe d’humour, voire même d’autodérision.
– Comment fait-on pour se gratter le sourcils quand on ne peut pas bouger le bras ?
– Comment fait-on pour changer de chaine quand la télécommande nous échappe des mains et que la télé reste alors bloquée sur une interminable émission de télé achat ?
– Comment fait-on pour aller à la selle quand la majorité des muscles de son corps ne fonctionnent plus ?
Même rester assis peut devenir un combat…
« Ah oui, pour tous les ringards d’entre vous qui n’ont jamais été tétraplégiques, sachez que manger seul pour un tétra est aussi facile que de voler pour un homme valide ».
Vous découvrirez comme moi à travers ces mots un monde qui existe sans qu’on y fasse vraiment attention.
Ce livre m’a permis de mieux comprendre le parcours de ces personnes pour qui la vie « normale » s’est arrêtée du jour au lendemain et il permet aussi de se rendre compte que ce genre de situation n’arrive pas que dans les films. « J’avais déjà vu ça dans Urgences. Cette fois, c’est moi qui suit dans la série… ».
En tant que professionnels de santé (pharmacien d’officine pour ma part), je crois que le plus important est d’être conscient de ce parcours. Rien que pour comprendre, ne serait-ce qu’un minimum ce par quoi sont passés les patients qui se présentent à nous.
Grand Corps malade conclut sur cette phrase pleine d’espoir : « Ce qui reste surtout de cette période, ce sont les visages et les regards que j’ai croisé dans ce centre. Si cette épreuve m’a fait grandir et progresser, c’est surtout grâce aux rencontres qu’elle m’aura offerte ».
Comme quoi, et ça Epitop le sait bien, les belles rencontres peuvent se faire à tout âge et en toutes circonstances.
Et ce que je retiens surtout en refermant ce livre, c’est que « c’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues ».
Ps : et si pas le temps de lire, le film est génial aussi ????